Allocation étudiante en France : Une idée à la danoise ?

Précarité étudiante en France
La question de la précarité étudiante suscite de plus en plus d'attention en France. Après les alertes émises par diverses associations, ce sont désormais les présidents d'université qui tirent la sonnette d'alarme.
Dans une tribune publiée par Le Monde, quatorze d'entre eux plaident en faveur de la création d'une allocation étudiante universelle, une idée inspirée du modèle danois, longuement étudié par le chercheur Léonard Moulin, affilié à l'Institut national d'études démographiques (INED).
Le modèle danois
Mais en quoi consiste précisément cette allocation étudiante au Danemark ? Le Danemark a mis en place, depuis la fin des années 80, une allocation d'études d'un montant de 800 euros pour l'ensemble de ses étudiants.
Cette somme peut légèrement varier en fonction de la situation personnelle de l'étudiant, notamment s'il a des enfants à charge ou s'il est en situation de handicap. Le montant de cette allocation a été défini en tenant compte des dépenses réelles que les étudiants doivent assumer, notamment pour le logement, le transport et les fournitures scolaires.
Les avantages du modèle danois
Quels sont les avantages de ce système d'allocation étudiante danois ? Avant tout, il vise à permettre aux étudiants en alternance ou non de se consacrer pleinement à leurs études, sans avoir besoin de travailler à côté.
Ce modèle semble particulièrement efficace, car le taux de réussite des étudiants au Danemark est meilleur qu'en France.
De plus, il favorise l'égalité des chances entre les étudiants, car la pression liée à la situation financière est moindre, ce qui permet aux étudiants de choisir leurs études en fonction de leurs aspirations, plutôt que de leurs contraintes budgétaires.
Transposabilité en France ?
Néanmoins, un tel système est-il transposable en France ? Le contexte français diffère considérablement de celui du Danemark. En France, le nombre d'étudiants est bien plus élevé, atteignant environ 3 millions, contre seulement 300 000 au Danemark.
La mise en place d'un tel système en France coûterait ainsi environ 20 milliards d'euros par an. Pour ce faire, il serait nécessaire de supprimer l'ensemble des aides actuellement en place, telles que les bourses, les aides au logement (APL) ou encore les repas à 1 euro.
De plus, il faudrait repenser le financement de ce modèle, en le reposant en grande partie sur les actifs, qui contribueraient à financer non seulement les retraites, mais aussi les allocations étudiantes. Les étudiants, une fois diplômés, contribueraient également au financement de ce modèle éducatif par répartition par le biais de l'impôt sur le revenu.
Préparation et débat en France
La France est-elle prête à mettre en œuvre une telle allocation étudiante ? Une telle mesure impliquerait une refonte totale du système de bourses actuel.
De plus, si une allocation universelle était instaurée, elle pourrait entraîner une augmentation des loyers des logements étudiants, ce qui nécessiterait une régulation appropriée. Bien que ces changements puissent sembler ambitieux, le débat sur la création d'une allocation étudiante à la française mérite d'être ouvert et discuté.